Destins et Demeures - Editions Parigramme

Theillou, Françoise

Mai 2006

p.152 à 154 - "La langue de bois des inscriptions commémoratives est moins impartiale qu’elle ne paraît : Yves Brayer, mentionne-t-elle, 'vécut et est mort dans cet hôtel de 1936 à 1990', tandis que le peintre Antonio de la Gandara n’a fait qu’y mourir, en 1917. Comme si elle enterrait cet artiste pour la seconde fois. Cruelle injustice d’une bien oublieuse mémoire.

'Peintre-gentilhomme', comme le surnommait les Goncourt, salué par Whistler, la Gandara a vu défiler dans son atelier de la rue Monsieur le Prince le gotha du faubourg Saint-Germain, le gratin du spectacle et du demi-monde. Celui de Proust, en somme, d’un temps perdu qui lui vaut son injuste disgrâce. Pas de peintre, en conséquence plus précieux aux amateurs de la Recherche, lui qui brosse le portrait de la comtesse Greffulhe, modèle à la ville de la princesse de Guermantes, ou celui du comte de Montesquiou, alias Charlus.

Dandy lui-même au physique de membre du Jockey-Club, il appartient à ce monde, il est l’amant de Sarah Bernhardt, Colette lui confie ses peines de cœur avec Willy ou avec Missy, 'il en est', comme on dit chez les Verdurin. Il tient également académie et à Jacques Villon pour élève. Son 'atelier' n’aura pas compté moins de 600 figures, tussor, alpaga et plumes. On aimerait qu’il rejoigne ses pairs, Boldini, Helleu ou Jacques-Emile Blanche…

L’art figuratif aura été le seul point commun entre Brayer et la Gandara. Tandis que ce dernier tenait ses fenêtres obstinément fermées, recréant artificiellement un décor qui ressemblait à ses modèles, Brayer (…)"

Autres Reproductions :

Photo de l’angle du 22 de la rue Monsieur le Prince avec la rue Racine

Antonio de la Gandara (1961-1917), Portrait de Robert de Montesquiou (1855-1921), huile sur toile 1893. Le peintre servait parfois de 'doublure' au modèle tant ils se ressemblaient. Château d’Azay le Ferron, Photo Patrick Boyer – Musée des Beaux-Arts de Tours.

RETOUR « OUVRAGES »

Cour du 22 de la rue Monsieur le Prince

Par Yves Brayer

Vue de l’atelier d’Antonio de La Gandara

Photo d’Antonio de la Gandara (1861-1917): le dandy Collection Xavier Mathieu